CP: Béatrice Darras
C’est en un lieu particulièrement riche en histoire qu’une vingtaine de paroissiens se sont réunis sous le soleil à 15h ce 11 novembre 2019 pour fêter saint Martin de Ligugé.
Dans cette clairière « druidique » la petite chapelle du XVIIème siècle recouvre le « pas de saint Martin’, une anfractuosité rocheuse qui a vraiment la forme d’un pas et une seconde toute ronde et profonde où on peut planter son bâton de marcheur sans oublier la trace moins perceptible du sabot de son cheval. La roche est usée par la dévotion séculaire des pèlerins.
Ce lieu était jusqu’aux années 1960 le lieu d’une assemblée de village, début juillet, au temps des moissons, assemblée où se déroulait aussi l’embauche des commis de fermes et employées de ces mêmes maisonnées. Nombre de mariages ont découlé de la fête qui s’y déroulait. Cette fête et la messe célébrée à cette occasion ont perduré jusqu’au début des années 2000, des raisons de sécurité, séquelles de la tempête de 1999, ayant obligé une migration vers un terrain plus accessible et moins dangereux.
En nous appuyant sur les textes propres à la fête de saint Martin, nous avons pu les croiser avec la vie du saint qui a donné son nom à 237 communes en France et à plus de 3600 églises, chapelles et autres lieux de culte.
Il en est ainsi de sa dernière prière où il reprend à sa manière un passage de la lettre de saint Paul apôtre aux Philippiens: » c’est un lourd combat que nous menons, Seigneur, en te servant dans ce corps ; en voilà assez des batailles que j ‘ai livrées jusqu’à ce jour. Mais si tu m’enjoins de rester en faction devant ton camp pour continuer d’y accomplir la même tâche, je ne me dérobe point et je n’invoquerai point les défaillances de l’âge. Je remplirai fidèlement la mission que tu me confies. Tant que tu m’en donneras l’ordre toi-même, je servirai sous tes enseignes. Et bien que le souhait d’un vieillard soit de recevoir son congé, sa tâche terminée, mon courage demeure pourtant victorieux des ans et ne sait point céder à la vieillesse. Mais si désormais tu épargnes mon grand âge, c’est un bien pour moi que ta volonté, Seigneur ? Quant à ceux-ci, pour qui je crains, tu les garderas toi-même « .
C’est bien sûr aussi le cas avec l’épisode mondialement connu du partage de son manteau à Amiens où encore catéchumène il met ainsi en oeuvre les paroles de Jésus en Matthieu 25, 31-40: « J’étais nu et vous m’avez habillé ».
Martin qui a sillonné l’Europe comme soldat puis comme pasteur, Martin l’évangélisateur des campagnes, avec des méthodes certes efficaces mais difficilement acceptables aujourd’hui. Martin et Hilaire, Martin de Ligué, Martin l’évêque de Tours et le moine de Marmoutier, Martin aux diverses vies.
Après avoir prié notre Dieu qui est Trinité, car ce fut bien le grand débat du temps de Martin, pour que l’Eglise soit missionnaire, pour que chacun dans notre pays ait souci du bien commun, pour les femmes et les hommes qui ont donné leur vie et la donnent encore aujourd’hui pour notre liberté et pour la paix, pour notre diocèse et notre archevêque qui promulguait il y a un an les actes de notre synode, nous avons porté chacune et chacun un cierge allumé après chaque intention d’une longue prière pour notre paroisse, nous rappelant le rôle de Martin dans la naissance des paroisses.
Notre célébration s’est achevée par la reprise d’une tradition que nous a rappelée Mme Denise Laverré, sa famille est propriétaire des lieux, à savoir marcher avec Martin autour de la chapelle en priant le « Je vous salue Marie » et ensuite en posant notre pied dans la trace laissée par le Saint.
Il était alors temps de partager quelques douceurs et boissons chaudes, car l’été de la Saint Martin* n’avait point trop réchauffé la chapelle.
Pour les plus courageux, nous signalons qu’une branche du chemin conduisant de Candes-Saint-Martin sur Loire à Sabaria (aujourd’hui Szombathely en Hongrie passe au Pas de Saint Martin, commune de Valdivienne. Bonne marche, il suffit de suivre les bornes…avec courage!
*Suivant la tradition, lorsque le bateau transportant la dépouille de Martin de Candes où il est décédé et Tours où il furent célébrées ses funérailles, les buissons du bord de Loire se mirent à reverdir et les oiseaux à chanter ».
