Ordination diaconale de Fabrice Brémand

Dans un diocèse, une ordination diaconale ou presbytérale est aujourd’hui, encore plus qu’hier, un événement et les médias diocésains, le site internet en particulier, ont déjà relayé l’information avec un court portrait du futur diacre.

Fabrice et Guislaine, malgré la presse des derniers jours avant l’ordination, ont bien voulu nous consacrer un peu de temps pour répondre à nos/vos questions. En effet si c’est bien Fabrice, et lui-seul, qui sera ordonné diacre ce 15 mai, c’est le couple qui a été « interpellé » et c’est dans la suite du sacrement de mariage que s’inscrira celui de l’ordre. D’ailleurs, dans la lettre de mission donnée aux diacres mariés, la première qui leur est donnée est de veiller à la vie de leur couple et de leur famille. 

Nous vous proposons donc de les découvrir tous les deux.

 

D’où viennent-ils?

Ce sont les études à l’Université de Poitiers qui ont conduits ces deux jeunes poitevins à se rencontrer au Restaurant de la Cité Marie Curie, le jour de la rentrée universitaire 1982, elle en DUT pour un métier de comptable et lui en Fac de Sciences pour des études qui l’ont conduit au métier d’enseignant-chercheur en Mécanique des Solides. Cette rencontre va les conduire au mariage le 22 juin 1985. Ils ont trois grands enfants, Soline, Michel et Elise, marié ou en couple, et sont depuis 13 mois les heureux grands-parents de Marin.

Fabrice vient du nord des Deux-sèvres (Sainte-Gemme) où il est né le 4 juillet 1960, dans une famille d’agriculteurs. Avec ses deux frères il reçoit une éducation chrétienne. Guislaine vient du monde rural du  Châtelleraudais (Chenevelles), sa famille est d’origine Mayennaise. A 16 ans elle avait pris des responsabilités dans l’Action Catholique des Enfants (ACE).

A cause des études de Fabrice, le jeune couple est parti aux USA pendant 18 mois (Iowa puis Texas) où ils ont découvert une Eglise catholique bien différente de celle de France et la multiplicité des confessions chrétiennes (une quarantaine d’Eglises différentes dans la ville où ils résidaient !).

Peu de temps après leur retour en France, le couple s’est installé à Chauvigny en 1988 où ils se sont vite intégrés à la vie associative locale comme dans la paroisse.

Que font-ils comme travail ?

De retour à Poitiers, Fabrice est devenu enseignant-chercheur à l’université de Poitiers en Mécanique des solides. Il est aujourd’hui responsable d’un Master et les travaux du laboratoire de recherche dont il fait partie le conduisent chaque année à passer une nuit avec la Joconde (vous lui demanderez des détails sur ces nuits d’insomnie).

Guislaine a travaillé comme comptable dans diverses structures. Elle est aujourd’hui bénévole plein temps dans diverses associations.

Des multicartes du bénévolat.

Fabrice et Guislaine font partie des associatifs « multicartes », répondant aisément aux sollicitations même si parfois il y a nécessité d’arbitrer entre les priorités, les journées n’ayant que 24 heures.

Installés dans la cité des Grands-Champs, ils ont très vite participé à la vie du quartier de la Talbatière, Guislaine y ayant eu des responsabilités de 1994 à 2008 et Fabrice apportant ses « bras » et sa disponibilité pour organiser les fêtes bien connues de ce quartier chauvinois particulièrement vivant.

Par ailleurs Guislaine, alors en activité professionnelles, s’est investie, comme beaucoup de parents, dans les associations de parents d’élève du primaire jusqu’au lycée inclus.

A peine sortie du cancer qui l’a touchée en 2008, Guislaine s’est alors investie dans la Ligue contre le cancer dont elle est correspondante pour le Chauvinois.

Quant à Fabrice, sollicité pour donner un coup de main à l’association locale des donneurs de sang, il n’a pas dit non, s’y est investi et en assure la présidence depuis 2009.

En couple, ils ont rejoint en 2012 l’association ConCorDanse où ils pratiquent -avec la Covid-19 c’est suspendu- le Tango et où Guislaine occupe depuis 2014 les fonctions de secrétaire, trésorière…On ne se refait pas !

Et ce n’est pas tout…

Jeune, Guislaine faisait partie de l’ACE (Action Catholique des Enfants) où elle avait pris des responsabilités. Après leur installation à Chauvigny, c’est Fabrice qui s’est investi dans l’ACE en relançant un groupe local puis en prenant la responsabilité du mouvement pour la Vienne. C’est à ce titre qu’il a participé comme délégué au Synode de 1993 réuni par Mgr Rozier. Les contraintes professionnelles et de famille l’ont conduit à abandonner ensuite l’ACE.

A peine installé, il s’est investi dans la paroisse de Chauvigny : dès 1988 dans les équipes liturgiques, puis en 1990, avec Guislaine, dans la préparation au baptême. En 2000 avec la mise en place de la Communauté locale de Chauvigny il a accepté, sur proposition du Père René David, la mission de délégué pastoral, puis plus tard celle de délégué à l’annonce de la foi et enfin de délégué à la communication. Il est membre de l’actuelle équipe pastorale.

Passés tous deux par l’Action Catholique, Fabrice et Guislaine cherchaient alors un groupe pour partager leur vie et leur foi. Après une tentative du côté du CMR (Chrétiens dans le Monde Rural, ils sont tous deux issus de ce monde), ils ont trouvé en 1994 dans les équipes Notre Dame le lieu où ils pouvaient s’épanouir et où ils ont pris quelques responsabilités. En 2018, surchargés, ils ont dû se mettre en retraite du mouvement.

Et le diaconat ?

En effet, à ces multiples engagements, l’Eglise est venue en ajouter un de plus ! En octobre 2014, l’équipe pastorale leur a demandé de réfléchir à l’éventualité de démarrer un chemin pouvant conduire Fabrice à être ordonné diacre. Fabrice en fut surpris, Guislaine beaucoup moins. Ayant répondu positivement à cette « interpellation », ils ont rejoint un groupe de discernement à la rentrée 2014/2015. Ce groupe initial de six couples a découvert ainsi pendant plus de 18 mois ce ministère en rencontrant des couples de diacres tout en étant accompagnés par l’équipe de discernement. A l’issue de ce temps, les intéressés ont pu, s’ils le souhaitaient, faire une demande d’entrée en formation. Quatre couples sont ainsi entrés en formation en septembre 2016, une formation sur six années. A l’issue des deux premières années, les intéressés ont pu alors faire la demande pour être candidat au diaconat. A cette étape deux couples ont continué le chemin. C’est lors d’une réunion de la fraternité des diacres du diocèse, à Champagné en décembre 2018, qu’ils ont été publiquement admis comme candidats. Dès lors ils ont été accompagnés par une équipe locale qu’ils ont recrutée, en accord avec les instances diocésaines. Cette équipe est chargée de donner un avis sur la candidature, de les aider à définir une possible mission. La formation avançant, une nouvelle étape est arrivée. Après l’acceptation de sa demande, ce fut celle pour Fabrice de la réception des Ministères institués du Lectorat et de l’Acolytat, que nous avons vécue le 10 novembre 2019 à Chauvigny, rendant ainsi publique sa marche vers le diaconat. Après la réception des ministères institués, qui sont des ministères laïcs, l’étape suivante et finale est celle de l’ordination qui fera de l’intéressé un clerc. L’intéressé, lorsqu’il se sent prêt, fait alors une demande à l’évêque pour être ordonné diacre. Ce dernier peut la refuser (c’est arrivé mais rarement, la différer ou l’accepter, cas le plus fréquent). L’évêque appelle alors le candidat à recevoir le sacrement de l’ordre. Pour Fabrice c’était prévu en novembre 2020, la Covid-19 a conduit à repousser la date au 15 mai 2021.

Six ans c’est long ?

Sans ce report, il se serait écoulé exactement six ans entre l’interpellation et l’ordination, sachant que la formation n’est pas encore achevée. Ceci peut paraître long mais Fabrice et Guislaine ne l’ont pas vécu ainsi car pour eux, c’était un temps de cheminement nécessaire. En effet c’est un choix qui engage toute la personne du diacre, mais aussi celle de l’épouse. C’est un choix qui a un impact sur la famille, les relations amicales, professionnelles, associatives. C’est un choix qui peut être, incompris, mal compris et de ce fait peut engendrer des tensions voire des ruptures. Mais il peut aussi être source de belles rencontres, de nouvelles relations, imprévues voire surprenantes.

Une formation lourde et exigeante ?

C’est une réalité et Guislaine l’a vécu parfois ainsi, même si elle l’a jugée très intéressante. En effet elle s’étend sur six ans, l’ordination pouvant être donnée après la quatrième année. Aujourd’hui dans notre diocèse, ce sont chaque année huit samedis de formation, une session de deux jours en février, un WE de retraite une année sur deux, et l’autre année une retraite ignacienne d’une semaine avec le soutien d’un accompagnateur spirituel. En sus, dans la mesure du possible, il est proposé de suivre des formations théologiques complémentaires. C’est indéniablement lourd et cela conduit à des choix, donc à abandonner ou réduire d’autres engagements. C’est lourd pour le futur diacre, mais aussi pour son épouse, il est plus que souhaité que l’épouse participe au moins en partie à la formation, sa famille, surtout lorsque les candidats ont de jeunes enfants. Par ailleurs, en fonction des métiers, des emplois, la compatibilité entre les temps de formation et les contraintes professionnelles est parfois difficile.  Ainsi la volonté louable d’interpeller des hommes plus jeunes et dans divers milieux sociaux se heurte parfois aux contraintes imposées par la formation.

Pourquoi garder la confidentialité pendant plusieurs années ?

Ce n’est pas par goût du secret ! C’est simplement pour préserver la totale liberté du candidat (et de son épouse) et de l’Eglise d’arrêter soit temporairement le parcours, pour se donner un temps supplémentaire de réflexion ou pour d’impératives raisons familiales ou professionnelles, soit de manière plus définitive. Ainsi la dimension publique n’apparaît qu’avec la remise des ministères institués qui sont conférés à vie, à un moment où sauf cas très particuliers l’ordination est envisagée comme une suite à court terme. Guislaine et Fabrice ont beaucoup apprécié le strict respect de cette confidentialité.

Merci Fabrice et Guislaine pour cet entretien et nos prières vous accompagnent dans cette nouvelle étape de votre vie.

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