Chandeleur: la fête des crêpes?

Le titre peut choquer…mais un petit micro-trottoir en a montré la pertinence! 

Combien de nos voisins, amis, seraient bien en peine pour évoquer la signification du mot « chandeleur » et encore moins nombreux celles et ceux qui se souviennent de ce que recouvre cette fête, une fête qui n’est pas que gustative, même si déguster des crêpes fait aussi partie de la fête!
   Qu’est ce qu’on fête le 2 février ?
La fête de la Présentation de Jésus au Temple, ou Sainte Rencontre, associée à la Purification de la Bienheureuse Vierge Marie est une fête chrétienne, catholique et orthodoxe (on la nomme alors Hypapandi ). Elle est célébrée le 2 février, quarante jours après Noël. Cette fête correspond à la présentation de Jésus au Temple de Jérusalem par ses parents Marie et Joseph (cf. Lc 2,22-38) : « Et lorsque furent accomplis les jours pour leur purification, selon la loi de Moïse, ils l’emmenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur ».
Elle associe en fait deux rites : celui de la Purification de la nouvelle mère et celui de la Présentation au Temple de l’enfant et de l’offrande due au garçon premier né:
-en vertu du Lévitique chapitre 12, les mères juives devaient venir se purifier 40 jours après l’accouchement d’un garçon, donc 33 jours après sa circoncision. Il leur était demandé de sacrifier un animal (un agneau, deux pigeons ou deux tourterelles).
Cette purification, qui s’est perpétuée dans le monde chrétien avec le rite des « relevailles » célébré jusqu’au XXème siècle, était liée au fait que pour les juifs le sang versé à l’accouchement engendrait l’impureté de la parturiente (tout comme chaque mois la période des règles et pire encore les pertes continues de la femme qui ose toucher le manteau de Jésus, Matthieu 9, 20-22 et Marc 5, 25-34).
-celui de la présentation au temple du premier né et de l’offrande. Joseph et Marie « rachètent » leur fils Jésus premier-né. Ce rite rappelle que Dieu a épargné les premiers nés des Hébreux lorsqu’il a infligé les dix plaies aux Égyptiens. L’enfant est soit consacré au service du Temple sans rachat (nazir), soit il est échangé contre une somme d’argent symbolique.
Cette présentation au temple de Jérusalem est l’occasion de deux rencontres (d’où le nom de la fête choisi par nos frères orthodoxes), celle de deux personnes âgées :Anne et Syméon. Veuve de 84 ans, Anne est une prophétesse, dévouée au service et assidue au Temple. Le vieillard Syméon est un homme juste et pieux à l’image de Joseph. Averti par l’Esprit Saint de la présence du Messie au Temple, il le prend dans ses bras et se met à proclamer que Jésus est la lumière du monde (« Nunc dimittis », cantique de Syméon) et qu’en même temps, il sera un signe de contradiction. Il annonce même à Marie sa mère : « une épée te transpercera l’âme » (Lc 2,35). Quant à Anne, elle va annoncer qu’elle a rencontré le Messie tant attendu de la délivrance d’Israël.
Depuis quand est fêté le 2 février ?
Très longtemps ! Cette fête est célébrée à Jérusalem au moins dès le IVème siècle et elle s’étend à l’ensemble de l’Orient chrétien puis vers Rome. Après avoir été célébrée 40 jours après l’Épiphanie orthodoxe (6 janvier), elle est ramenée au 2 février par l’empereur Justinien en 542 qui la solennise deux ans plus tard.
En 542, la peste dite de Justinien sévit à Constantinople et tue des milliers de personnes par jour. Selon la tradition, un chrétien reçoit alors l’inspiration qu’il faut rendre la fête de la Rencontre du Seigneur plus importante. Lorsqu’une veillée nocturne et une procession avec la croix sont décidées et célébrées, le chiffre des victimes diminue nettement. En remerciement, l’Église a institué en 544 une célébration plus solennelle.
Dans les Eglises orthodoxes, elle fait toujours partie du nombre des douze grandes fêtes de l’année liturgique.
A Rome, elle apparait à la fin du Vème siècle. Depuis des siècles, à Rome était célébrée en février la fête des Parentalia, une fête annuelle en l’honneur des morts, au cours de laquelle les romains veillaient à l’aide de cierges et de torches, en honorant Pluton, le dieu des enfers et l’ensemble des dieux. On peut relier aussi la Chandeleur au dieu Pan. En effet, du 13 au 15 février, les romains adorateurs du dieu Pan/Faunus parcouraient les rues de Rome en portant des flambeaux, c’étaient les Lupercales, fêtes de purification.
En 472, le Pape Gélase, qui a aboli les fêtes païennes des Lupercales, organise des processions aux chandelles qui symbolisent « Jésus lumière d’Israël » la phrase prononcée par Syméon prenant Jésus dans ses bras.
Pourquoi l’appeler la « chandeleur »
   Le pape Serge Ier au VIIème siècle institue une procession de pénitence qui commence à l’aurore et se fait à la lumière des cierges, d’où le nom de « festa candelarum ». Cette procession représentait, entre autres, le voyage de Joseph, Marie et le bébé, de Nazareth au temple de Jérusalem.
Les cierges sont alors bénis en signe de purification*. C’est l’origine du mot « Chandeleur », à l’origine « Chandeleuse » qui dérive du nom latin.

*Dans cette logique, lors de la messe du 2 février, le rite pénitentiel est réalisé par la bénédiction des cierges et la procession des cierges allumés.

C’est au VIIIème siècle que la fête devient aussi une fête mariale avec la mise en avant de la Purification de la Vierge Marie. C’est une des plus anciennes fêtes mariales.
Et au Xème siècle se généralise en occident la pratique de bénir les cierges destinés à éclairer la population toute l’année.
En 1997, s’appuyant sur les figures d’Anne et Syméon, le saint pape Jean-Paul II a décidé d’en faire la Journée de la Vie consacrée.
Et les crêpes ?
Les crêpes sont arrivées ensuite en occident sous l’influence des Celtes, la crêpe symbolisant la roue solaire et le don fait aux divinités pour éviter que le blé, engrangé dans les réserves, ne soit carié.
Le 2 février, nous faisons ainsi mémoire d’un moment important dans la vie de Jésus, dans celle de la Sainte Famille.
Nous nous inscrivons aussi dans la longue histoire de cette fête qui emprunte divers éléments à nos frères juifs, aux églises d’orient et d’occident, à diverses cultures.
Prière pour le 2 février
Seigneur!

Comme la lampe éclaire ma maison

Ta Parole éclaire ma vie.

Comme le soleil réveille le jour,

Tes mots réveillent le bonheur.

Comme le feu fait danser la nuit,

Ton Amour fait danser mon cœur.

Seigneur, aide-nous à accueillir chaque jour ta lumière!

Jacques Gauthier

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